• La Renaissance

À la fin du XVème siècle, tous les écrivains moururent, atteints simultanément par un virus pernicieux qui vivait dans l’encre d’imprimerie.

On le baptisa virus de Gutenberg, ce qui ne l’empêcha nullement de prospérer.

Peu après Marignan (1515), le roi François Premier eut une idée géniale.

Il fit venir d’Italie un médecin inconnu qui se lança dans des travaux secrets dont on ignore le détail, la longueur et, disent certains, la véracité.

Ces travaux permirent néanmoins au médecin inconnu d’élaborer un onguent avec lequel il oignit les cadavres de quelques littérateurs de second ordre qu’on avait exhumés par-delà les monts, afin de ne pas fâcher la Sorbonne*C'est le nom par lequel on désignait la femme de M. Sorbon, le plus grand médecin français de ce temps-là. Elle avait horreur de la nécrophilie, que son mari pratiquait pour des raisons probablement professionnelles..

Bientôt les cœurs se mirent à battre, les yeux à cligner, les doigts à claquer sur le même rythme que les dents. Ces cadavres étaient tout simplement en train de renaître*Le nom de Renaissance allait symboliser le retour des Anciens et le triomphe de la vie sur la mort et sur plusieurs autres choses..

Alors la France étonna l’Europe.

L’Amérique, l’Afrique, l’Asie et la totalité des Terres Australes s’avouèrent surclassées.

Tous les auteurs ressuscités, travaillant d’arrache-pied, dotèrent notre pays d’une littérature*Elle se caractérise par la recherche d’une langue poétique neuve, par l’imitation des modèles grecs, latins et sanscrits, par l’utilisation du recto et du verso de chaque feuille dans les livres, par un goût prononcé, enfin, de la métaphore descriptive et des grands crûs de Bourgogne. Les meilleures œuvres de ces auteurs ont toutes été publiées. On s’y reportera pour juger des progrès accomplis par l’imprimerie depuis le XVIème siècle. telle qu’il n’en avait jamais eu de comparable.

Ni l’Allemagne, ni la Suisse, ni même la principauté de Monaco ne s’en sont jamais relevées.