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Divagaisons

"Justice aux oubliés."

Le Maréchal SOUBIROUS

• G

Les Homonymes


GARY (Firmin-Léon) – Diplomate, académicien et deltaplaniste confirmé, il a composé quelques pochades au style parfois déroutant. L’exemple qui suit pourra en témoigner :
LE MANUSCRIT DE LA MÈRE MORTE

Quand vous lirez ces notes que je trace d’une main fiévreuse – et sans tirer la langue, mes chers enfants, remarquez-le bien – vous aurez grandi, beaucoup grandi, et moi… ah ! moi, je ne serai plus là pour vous conduire vaille que vaille sur les chemins périlleux de l’existence.

Je vous aurai nourries, lavées, soignées, grondées, battues.

Je vous aurai appris qu’il ne faut pas jouer avec les allumettes quand le gaz est ouvert.

Je vous aurai expliqué la grammaire, l’arithmétique, l’horoscope, les saisons.

Je vous aurai acheté la télévision en couleurs.

Aurez-vous su en profiter ?

Je me le demande.

Voilà pourquoi j’ai pris la plume, mes chers enfants, et voilà pourquoi je vous pose la question : quel profit en avez-vous tiré ?

___

J’avais une autre raison pour vous écrire. Mais je ne m’en étais pas encore avisée, tant il est vrai qu’on ne saurait penser à tout.

Moi, qui suis votre mère (je devrais dire : moi qui l’ai été), j’ai un aveu à vous faire. Toute ma vie durant, je vous ai pieusement menti. Vous avez toujours cru que votre père était un lieutenant-général zapatiste. Hélas ! c’était un pompiste de l’avenue Kléber. Du moins, il me semble. Vous irez à la station Esso, en face du fleuriste, vous demanderez monsieur Gérald, il vous dira si je ne me suis pas trompée.

Priez pour moi, mes chers enfants, et ne soyez pas trop déçues : personne n’est au courant, on ne vous retirera pas la pension.

___

Décidément, je vais de découverte en découverte. En réalité, si j’ai voulu laisser après ma mort ces quelques notes qui vous sont destinées, c’est pour vous faire d’ultimes recommandations.

Toi, Lélia, tu ferais bien de renoncer à cette idée que tu as toujours eue d’entrer en religion. Je suis sûre que d’ici à ce que tu deviennes la supérieure d’un couvent, ces maisons-là auront fermé, et tu aurais bien du mal à te reconvertir dans les pompes funèbres.

Et toi, Zelda, ne cherche pas à te marier avec le fils de madame Gutembert. J’ai appris qu’elle ne lui laisserait pas un sou s’il t’épousait, parce qu’elle croit que tu es ventriloque. Tu ne peux pas comprendre, bien sûr. La pauvre femme à peine veuve s’est fait dévaliser un jour, dans la rue, par un ventriloque qui, sachant lui parler sans ouvrir la bouche, a pu se faire passer pour un revenant. Elle l’a raconté à l’épicière madame Caron. Tu pourras vérifier.

Quant à toi, Paquita, la perle des filles, pour l’amour du Ciel cesse d’attaquer les banques quand je ne serai plus là. Sinon, qui aura la patience de recoudre tes habits chaque fois que tu te feras prendre et qu’on te passera à tabac ? Je te le dis solennellement, ma chère enfant, ton avenir est ailleurs. Tâche de trouver où ça.

Mes chères filles, veillez sur vos huit frères comme sur la prunelle de vos yeux. Ils auront bien besoin de vous, surtout les triplés dont je crois pouvoir dire qu’ils seront toujours un peu en retard. Ils n’en sont pas responsables. Ne leur mettez pas la pierre autour du cou.

___

Mes chers enfants, j’avais encore bien des choses à vous dire, mais la mort approche et je ne trouve plus de papier nulle part.


GAUTIER (Paul-Marie-Théodule, dit Théodule) – On n’en finirait pas de raconter la vie tumultueuse de ce garçon-là qui pratiqua tous les arts, connut toutes les femmes, entreprit tous les voyages. Esprit inventif, cœur délicat, plume sensible, œil exact, langue souple, on ne sait ce qui le définit au mieux. Il a lui-même esquissé un autoportrait funéraire qui reste la plus alerte de toutes ses compositions. Elle commence ainsi :

Tout, tout,
J’ai tout voulu,
Tout, tout,
Ma vie entière !
C’est fini, c’est conclu :
Courons au cimetière.

Non, non,
Je n’ai pas peur.
Non, non,
Rien ne m’arrête.
Je sens comme une fleur
Qui pousse dans ma tête.

Tiens, tiens,
On a sonné.
Tiens, tiens,
C’est à ma porte !
À peine suis-je né,
Le croque-mort m’emporte.

GIONO (Jules) – Ancien receveur des Postes recruté par les services secrets luxembourgeois, il conçut et réalisa une série de quinze romans d’espionnage inspirés par ses propres aventures en Seine-et-Marne à la poursuite du fameux Bob Zapett.

GIRAUDOUX (Gaston) – N’a rien écrit qui enrichisse véritablement nos Lettres, sauf La Mère Leroy n’ira pas mieux, un roman policier nourri des souvenirs qu’il a gardés d’une enfance bien malheureuse vécue dans l’ombre d’une maman indigne.

GOURMONT (Irénée de) – Persuadé que nos Lettres sont menacées par la mollesse récurrente des autorités académiques, il publia jadis une magistrale Défense et Illustration du point-virgule et du tiret demi-cadratin qu’on ne peut plus ignorer dès lors qu’on prend la plume.

GRACQ (Philibert) – Auteur de quelques romans d’inspiration passablement surréaliste, dont Au Chapeau d’Arcole, Le Cirage des Myrtes, Un Caleçon en Corée, qui surprennent au premier abord et dont il faut conseiller la lecture aux seuls esprits avertis.






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