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KESSEL (Boris) – Général d’origine russe qui s’établit en France vers la fin du Second Empire. Il composa une monumentale Histoire de la pêche à l’esturgeon dans les mers froides ainsi qu’un imposant Traité de versification kalmouk avant de se consacrer aux huit romans qui firent sa réputation dans les milieux ecclésiastiques de l’époque. Pour finir, il rédigea trois recueils de contes bien plaisants destinés « à la jeunesse » de son pays natal « pour lui faire apprendre la belle langue de France » qui était devenue la sienne. Voici, par exemple, La Vieille Sonia et le Rempailleur qui n’est pas sans rappeler quelques bonnes pages de notre cher Perrault revu et corrigé par le diacre Pantoléon :

LA VIEILLE SONIA ET LE REMPAILLEUR

On raconte à Paris qu’une vieille russe du nom de Sonia Charakarabanskaïa trouva, un jour, une chaise ancienne tellement ancienne que les Grands Anciens de Hieroslov Pelo avaient bien dû s’y frotter le derrière, tant l’assise en était usée.

« Comment m’y assoyerai-je ? se dit la vieille Sonia. Avec mon gros derrière, je passerai à travers, et alors de quoi qu’aurai-je l’air ? »

Et voilà qu’un vieux corbeau qui était son vieil ami vint se poser à ses pieds et lui dit :

– Qu’à cela ne tienne ! Appelle le Rempailleur. S’il vient, il faudra que tu l’épouses.

– Bien volontiers que je l’épouserai, dit le vieille Sonia. J’ai beaucoup marché, je dois me reposer. Mais si je m’assoye sur cette chaise, je passerai à travers, et alors de quoi qu’aurai-je l’air ?

Elle appela le Rempailleur. Et voilà que le Rempailleur arrive et lui dit :

– Que me veux-tu, vieille Sonia ? J’étais à la ville, je rempaillais les trois chaises de Monseigneur l’Épiscope, et voilà que tu me déranges, et je ne recevrai pas mon salaire.

– Qu’à cela ne tienne, dit le vieux corbeau. Je vais me transformer en Épiscope, et je te payerai tandis que tu épouseras Sonia Charakarabanskaïa.

– Si elle veut bien de moi, j’y consens, dit le Rempailleur.

Sonia Charakarabanskaïa réfléchit un court moment sans grogner, sans grincer des dents, puis elle se décida. Et la voilà qui se transforme en une magnifique jeune fille issue de bonne famille qui danse et qui frétille entre les bras du Rempailleur.

Ensuite, ils coururent s’épouser, puis ils se mirent à bien vivre et à amasser du bien.

KOCK (Lucien de) – Traiteur parisien de la Belle Époque qui s’illustra par une fort belle Histoire de l’Œuf depuis le temps des Assyriens. Son frère Eustache eut moins de succès avec ses Pommes au four et autres Gratins liquides, qui sont d’une écriture plus relâchée.