"Gloire à vous, gens de lettres." Madame EUGÈNE (Fleuriste funéraire), Harangue proférée un 1er avril sur la tombe retrouvée de Johannes Gutenberg |
• Alfred de MUSSET (?), Ballade à la BruneEsquisses et premiers JetsPoète doté d’une imagination gaillarde, Musset – s’il exista jamais – conçut plusieurs récits en vers d’une fraîcheur surprenante et qui ne sont pas sans rappeler telles audaces de Madame X. Voici le commencement et la fin d’un petit roman furieux, pénétré de satanisme et de couleur locale.
C’était, à Pampelune, "Brune ! Viens ! Marche à l’ombre ! – Avance, ou je t’éborgne N’espère rien, ma poule, Une chose m’étonne, En plus, ton pucelage Ne dis pas de mensonge : T’es-tu décomposée Ton destin, goule immonde, Quoi qu’on dise et qu’on fasse, Marche ! Marche, bougresse ! Eh ! finie la sardane Tu supposes sans doute Caramba ! Ni les fées Ni l’engeance insoumise Tu pleures ? Mets la dose ! (L’alguazil prononce encore une vingtaine de strophes toutes grinçantes du mépris qu’il ressent pour la pauvre coupable. On croise ensuite un quarteron de moines qui s’enfuient, horrifiés, puis sainte Thérèse, qui refuse d’intercéder en faveur de la malheureuse. Un orage éclate. On s’abrite où l’on peut, c’est-à-dire dans une étable abandonnée, qui reste déserte durant les huit strophes que le poète emploie pour en donner l’exacte description. Un éclair, soudain, traverse l’espace. La Vierge Marie apparaît alors, demande ce qu’on fait là. L’Enfant Jésus blotti contre son sein aperçoit la misérable, pousse des cris de rage, contraint l’alguazil et sa captive à vider les lieux. D’autres événements aussi surprenants et de plus en plus tragiques se produisent, jusqu’à ce qu’enfin on rencontre Satan en personne. Il a pris l’apparence d’un hidalgo parfaitement sympathique. On cause, le ton monte, Satan provoque l’alguazil en duel, le tue, entraîne la fébrile Carmen qui n’en croit pas ses yeux. Dans les deux cent cinquante strophes qui suivent, des aventures s’enchaînent par dizaines, toutes plus hasardeuses les unes que les autres, jalonnées de coups de théâtre auxquels on ne s’attendait pas. Satan décide, pour finir, d’épouser l’infortunée Kiki. Elle refuse. Il insiste. Elle ne veut rien savoir. On écoute alors, dans le chœur même de l’église où il a bien fallu interrompre la cérémonie, une longue conversation que le poète met à profit pour instruire le lecteur au sujet du mariage, des joies qu’il offre, des difficultés qu’il comporte. Pendant ce temps, Kiki s’entête. Rien ne la fera changer d’avis. Elle a démasqué le Tentateur et voudrait qu’on lui fît épouser plutôt un caballero authentique. Le dialogue rebondit, le Malin perd patience, le public commence à se retirer. Livrée à son triste sort, abandonnée de tous et pressée par Satan, la brune Carmen jette encore quelques répliques sans se faire beaucoup d’illusions sur ce qui va bientôt advenir. La fin, que voici, est pathétique.) Elle est là qui défaille Mais lui, démon revêche, Elle crie, le regarde, Qui chante, à Pampelune, Laisser un Commentaire Voir tous les Commentaires |
A R C H I V A U D A G E S Accès
direct |
•
La Gabkalothèque
•
Le Gabkalorium
Des vies des œuvres Émissions diffusées sur France Culture Des pièces de théâtre La plupart jouées par la Comédie Française |
F A T R A S S E R I E S Accès
direct |
• Les Pages savantes
Vers une Histoire (strictement) cocasmagorrhique • Esquisses et premiers Jets
Vers un Recueil (progressif) |
• Les Homonymes
Vers un Abécédaire nourri (perpétuellement) • Fragments utiles
Vers une Somme (croissante) |
En l'air - Au sol Juliettes et Roméos - Nuances Les Délices - Les Consolations Le Mystère - Le Mythe Les Dérisoires - Les Insolites Les Pornographes - Les Sacrilèges |
Les Vanités - Les Nostalgies Maux du siècle - Maux de l'âme Outrepas - Mauditions Le Rêve - Autres Visions En ville - Hors les murs La Lune - Tout un cosmos |
A N T H O L O G I S M E S Accès
direct |
© Gabkal.Com |