• Paul VERLAINE, "Ô triste, triste était mon clam..."

On n'est pas bien certain que Verlaine ait rêvé du Klondike où se pressaient, en son temps, les chercheurs d'or. Peut-être a-t-il seulement envisagé de composer quelque livret d'opéra sur ce thème, et peut-être, en somme, cette petite aubade devait-elle s'y faire entendre en un souffle lyrique exhalé par quelque robuste pionnier aux talents fabuleux...

Ô triste, triste était mon clam
À cause, à cause d'une flamm' !

Je ne me suis pas consolé,
Voyant que tout ayant brûlé,

Il était en cendre, mon clam,
Et par la faute d'une flamm' !

Je ne me suis pas consolé,
Voyant que tout avait brûlé !

Et la chose étant trop pénible
À mon cœur par trop irascible —

Trop irascible et trop subtil,
Et qui ne tient que par un fil —,

J'hurlais : « Damn'it ! C'est quoi, ce piège ?
Ça crame ici, dehors il neige,

Rien n'a fondu, rien n'a coulé
Quand tout autour tout est gelé ? »