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Anna de NOAILLES, Une Île

Les Éblouissements, 1907



Quelquefois, quand le jour me cause trop de peine,
Je tourne mes regards vers une île lointaine,
Jardin géant, si haut, si puissant et si pur,
Qu’il semble être un ciel vert sous l’autre ciel d’azur…
Que de brûlants parfums baigneraient mon visage !
Je ne pèserais pas à ce grand paysage,
J’étreindrais les palmiers et je vivrais contre eux
Comme une gomme d’or collée aux troncs rugueux.
À midi, quand le feu du soleil nous assaille,
Je me reposerais dans ma maison de paille ;
Sous des stores tressés par de charmants vanniers,
J’écouterais chanter les oiseaux prisonniers.
La nuit, jetant enfin l’éventail et les voiles,
Je boirais la fraîcheur de toutes les étoiles,
Et puis, sortant alors à pas lents et secrets,
Pour ne pas réveiller le chien, les perroquets,
Dans le vêtement bleu que portait Virginie,
J’irais dans la campagne assoupie, infinie,
Et je verrais, — lueur, rayons, arômes mous,
Éclat par qui le cœur soudain s’élance et prie
Et croit mourir d’un choc si puissant et si doux, —
L’aurore se lever sur la Vanillerie !




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