Revoir la page d'ouverture
Revenir aux Anthologismes 

Guillaume COLLETET, Pour un pet lâché en bonne compagnie

Les Poésies gaillardes, galantes et amoureuses de ce temps, 1650



Philis, effacez la rougeur
Qu'une trop sévère pudeur
A peinte sur votre visage ;
Laissez dire le médisant,
Pour atteindre un long et bel âge,
Il faut donner à son cul vent.

Cet accident n'est pas mortel ;
Il n'est rien de si naturel,
Ni certes de plus ordinaire ;
Hé, que peut-on vous reprocher
Sinon d'avoir mis en lumière
Ce qu'un scrupule fait cacher ?

Une autre plus fine que vous
Eût serré cuisses et genoux
Pour le convertir en femelle ;
Mais si de gens si raffinés
Ce qu'à l'oreille l'on nous cèle,
Nous coûte bien plus cher au nez.

L'occasion prise au colet,
Vous entonnâtes le motet
Comme nous gardions le silence,
Et chacun resta convaincu
Que l'on devait telle audience
Aux doux accents de votre cul.

Ah ! Philis, ce beau ton de voix
Nous réduisit tous aux abois,
Et sortit avec tant de grâce
Que je m'écriai tout confus :
Heureux avecque cette basse
Qui pourra faire le dessus.

Mais, ô folle exclamation,
N'entrons point en tentation
Sur si délicate matière.
Autant en emporte le vent.
Si Philis ouvre le derrière,
C'est pour mieux fermer le devant.





Laisser un Commentaire

Pseudo

Email


Voir tous les Commentaires














© Gabkal.Com