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René DESJOLLES, La Princesse et le Chevalier

La Fin d'un été, 1981



Il y avait une fois une Princesse,
Une Princesse
Qui vivait dans sa tour, enfermée,
Enfermée
Comme toutes les princesses de ce temps-là,
Qui ne savaient pas ce qu’elles étaient,
Et qui rêvaient,
Et qui rêvaient
Qu’un prince charmant venait les délivrer.
Notre Princesse rêvait,
Notre Princesse pleurait
En regardant la mer et son rivage immense,
Le ciel et ses nuages pareils à des bateaux,
Le soleil qui se lève et se couche toujours
Sans que rien ne vienne,
Ni printemps,
Ni sommeil,
Ni prince au casque vermeil.
Un jour pourtant,
Un jour
Il y eut, à l’horizon, une petite fumée,
Un petit panache de poussière,
Un tourbillon de rien du tout,
Et la Princesse qui voyait cela
Se prit à espérer,
Folle de joie,
Ivre déjà
Du bonheur qu’elle espérait,
Car elle ne doutait pas
De ce qui allait arriver.
Et quand le Chevalier leva vers elle les yeux,
Elle frissonna.
C’était un Chevalier au regard de métal,
Aux mains de marbre,
Au cœur nu,
Un Chevalier comme on n’en faisait plus,
Vivant et beau
Comme un flambeau.
« Fier Chevalier, quel est ton nom ?
Dit la Princesse à son balcon.
— Je suis Amour, belle Princesse.
— Fier Chevalier, d’où venez-vous ?
— D’où vient le vent quand il est doux.
— Fier Chevalier, emmenez-moi
Dessus votre grand palefroi ! »

Ils chevauchèrent longtemps, longtemps,
Avant d’entrer dans le royaume
Que le Chevalier avait conquis
Pour la Princesse,
Et peuplé de merveilles.

Ils s’arrêtèrent sous un arbre.
L’ombre était bonne,
Et le silence était profond.
Les cœurs battaient à l’unisson.

« J’ai traversé l’éternité,
Et me voici
À vos genoux, »
Disait le cœur du Chevalier.

« Je n’attendais,
Je n’attendais que vous !
On m’avait prédit ce jour,
Cher, ô bien cher Amour, »
Répondait le cœur de la Princesse.

Le silence était profond.
Les cœurs mentaient à l’unisson.




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