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Charles DOVALLE, Le Curé de Meudon

Poésies de feu Charles Dovalle, 1830



Air du Carnaval de Béranger

J'ai lu jadis, dans une vieille histoire,
Que, gai pasteur d'un docile troupeau,
Certain curé, d'égrillarde mémoire,
Avec son vin ne buvait jamais d'eau.
Or, un beau jour que son âme attendrie
Parmi les saints avait mis Cupidon,
Il s'écria : « Dansez dans la prairie,
Et bénissez le curé de Meudon ! »

« Pour commencer, sous ces vertes charmilles,
Mes bons amis, roulez-moi mon tonneau,
Et puis courez... amenez-moi des filles...
J'ai fait venir l'orchestre du hameau.
Il vous jouera votre valse chérie...
Mais... Je l'entends... Tenez... Écoutez donc...
Oui, c'est bien lui ! ... Dansez dans la prairie,
Et bénissez le curé de Meudon ! »

« Filles des champs, vous êtes bien jolies...
De rire un peu n'allez pas refuser ;
Le jour s'éteint, les vêpres sont finies,
C'est un péché de ne pas s'amuser.
Que votre main au danseur qui vous prie
Soit confiée avec plus d'abandon.
Ne craignez rien... Dansez dans la prairie,
Et bénissez le curé de Meudon ! »

« C'est aujourd'hui la fête des bergères,
Mes chers enfants, il faut en profiter :
Tout près de moi placez les plus légères,
Et, sans façon, faites-les bien sauter.
Bon ! c'est cela... Quoique le diable en rie,
Les jupons courts me semblent de bon ton.
Ô mes amis, dansez dans la prairie,
Et hénissez le curé de Meudon ! »

« Pourquoi rougir, jeune et timide Isnelle ? ...
Près d'un amant tu soupires tout bas :
Va donc causer derrière ma tonnelle...
Mais que surtout je ne m'en doute pas ! ...
Jamais, je crois, pourvu qu'on se marie,
Ces péchés-là n'ont besoin de pardon... »
— Il dit, s'endort et la foule s'écrie :
« Ô Dieu, bénis le curé de Meudon ! »





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