Revoir la page d'ouverture
Revenir aux Anthologismes 


Voir le
Catalogue



Tola DORIAN, Le Djighit

Poèmes lyriques, 1888



La brume monte et la brise nocturne
Plie en pleurant le tronc des noirs cyprès ;
Dans le ravin l'eau, comme au fond d'une urne,
Bouillonne et gronde en roulant sur les grès.

Aux pieds des rocs, dans l'humide vallée,
Git, les yeux clos, un fils du DaghestanDaghestan. - Dans le nord du Caucase, en bordure de la mer Caspienne. ;
Il est blessé : sa paupière est voilée
D'ombre, et le sang rougit son noir kaftanCafetan ou Caftan. - Ancien vêtement oriental, ample et long..

Il rêve : il voit ses collines natales,
Les soirs d'automne, embaumés de rosiers ;
Aux chants joyeux, au bruit sourd des crotalesCrotale. - Sorte de cliquette employée pour accompagner la danse.  ;
La danse lente autour des grands brasiers ;

Les colliers d'or, les voiles blancs des femmes
Sur les toits plats, à l'heure où le Mullah
Trois fois du haut des minarets en flammes
Entonne au loin : Allah-il, Allah-ah !

L'encens s'élève à travers les feuillages,
Chaque épousée en répand quelques grains,
De ses doigts bruns tressant les lys sauvages,
Et murmurant de langoureux refrains. —

Il voit la vierge au front pensif et pâle,
Seule et qu'absorbe un prophétique effroi,
Elle frissonne au vent du soir qui râle
Heurtant des monts la lointaine paroi.

Car elle aussi rêve et voit la vallée,
Le sable où dort, dans son large kaftan,
Ses noirs yeux clos, sa paupière voilée,
Le fier DjighitDjighit. - Les Djighits étaient des cavaliers du Caucase réputés pour la bravoure et le sang-froid dont ils témoignaient dans leur pratique de la voltige équestre. Leur incroyable virtuosité visait à impressionner l'ennemi pendant les combats., lion du Daghestan.

La brume monte et sous le ciel nocturne
L'orage gronde à travers les forêts,
Et l'eau plaintive ainsi que dans une urne,
Gémit et pleure auprès des grands cyprès...




Laisser un Commentaire

Pseudo

Email


Voir tous les Commentaires














© Gabkal.Com