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Tola DORIAN, L'Arbre rouge

Largo, Poèmes lyriques, 1888



Viens-t'en près du lac morne où sur les flots d'ébène
Se mire l'or ardent des mourantes forêts,
Sous le bronze cuivré des hauts dômes que veine
Un enchevêtrement de lierre et de cyprès.

Viens-t'en voir se plonger les livides traînées,
Les longs lambeaux ailés des nuages meurtris,
Dans ce miroir obscur que les lentes années
Emplissent de flots morts et d'automnes flétris.

Mais parmi cet éclat de feuillée aveuglante,
Dans la froide splendeur de ces agonisants,
Il en est un que vêt une armure sanglante,
Un grand arbre penché, rouge, sur les passants.

Chaque feuille est semblable à quelque plaie ouverte
Qui frissonne béante aux morsures du vent,
Parmi les géants d'or de cette foule inerte,
Seul, d'un blessé sublime il a l'empourprement.

Car l'été l'encensait en vain de ses aromes,
En vain le doux baiser des brises le berçait ;
Il sentait sourdre en lui des sanglots de fantômes
Et de maux inconnus l'angoisse le creusait.

— Viens-t'en près du lac noir quand octobre déchaîne
Sur le mourant vermeil ses tourbillons hurlants,
Quand l'ouragan qui passe, ouvrant son cœur de chêne,
Vibre de tous les cris qu'il portait dans ses flancs.




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