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André GILL, Ballade du nez du pauvre

La Muse à Bibi, 1881



Marmiteux, honteux d’être né,
Rongé d’ennuis et de vermine,
Au hasard le gueux suit son nez.
Malgré soucis, pluie et famine,
Ce nez, à l’œil qui l’examine,
Brille d’un ardent coloris,
Car la traître brise enlumine
Le nez du pauvre de Paris.

Nez scandaleux, nez consterné,
Pour la foule qui l’incrimine,
Il a l’air d’un nez aviné
Que l’amour du litre domine.
On le condamne sur sa mine,
Et la douleur d’être incompris
Rougit encor, de sa carmine,
Le nez du pauvre de Paris.

Tel, appendice enguignonné.
Qu’un coryza lugubre mine,
Sous les coups du sort acharné
Qui lui crie : Hue ! et l’extermine,
Le long des murs ce nez chemine,
Plus douloureux qu’un panaris.
Un glaçon, l’hiver, le termine,
Le nez du pauvre de Paris.

ENVOI

Pauvres bougres qu’on abomine,
La mort vous creuse des abris ;
La mort rendra blanc comme hermine
Le nez du pauvre de Paris.




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