Revoir la page d'ouverture
Revenir aux Biographures 

Georges FOUREST

1864-1945



Profil

Né le 6 avril 1867 à Limoges, Georges Fourest suit des études de droit. Il se qualifie ensuite d’avocat loin de la cour d’appel, comme il aime à se nommer. Il vient à Paris, où il fréquente les milieux littéraires symbolistes et décadents, collabore à plusieurs revues (La Connaissance, Le Décadent ) et se rend célèbre avec La Négresse blonde (Messein, 1909, rééd. Corti 1986), préfacé par Willy, et placé sous le patronage de Rabelais. Georges Fourest fera encore paraître Contes pour les satyres (Messein, 1923, rééd. Corti, 1990) et Le Géranium ovipare (Corti, 1935, réé. 1984), qui respirent une même atmosphère ludique et lubrique. Il meurt à Paris le 25 janvier 1945. Après une période de désaffection, il est peu à peu redécouvert à mesure que se manifeste un regain d’intérêt pour la littérature 1900.

© Gabkal.Com

Corpus

Georges Fourest est né à Limoges le 6 avril 1864, place Denis Dussoubs, dans un immeuble familial où son grand-père maternel exerçait la profession d'apothicaire. Les parents de Georges Fourest déménagent ensuite 11 rue Turgot, où ils vivent de confortables rentes. La famille Fourest partage son temps entre Limoges et la propriété campagnarde de « Gentaud », dans la commune de Saint-Paul, à quelques kilomètres de Limoges.

Après des études secondaires au Lycée Gay-Lussac de Limoges, Georges Fourest accomplit des études de droit à la Faculté de Droit de Toulouse. C'est là qu'il noue plusieurs amitiés avec de jeunes apprentis-écrivains (comme Ernest Dufour et Laurent Savigny) et, surtout, qu'il fait en 1887 la rencontre décisive d'un aîné, Laurent Tailhade, qui est alors âgé de trente-trois ans et qui, sous la pression familiale, est contraint de reprendre des études de droit interrompues en 1880.

À l'époque, Fourest a déjà commis quelques essais littéraires, vraisemblablement des poèmes de facture strictement parnassienne qu'il signe Georges Louyat — Louyat en référence à un quartier de Limoges. Il reniera par la suite cette production. En 1889, il quitte Toulouse afin de poursuivre ses études à Paris, où il commence à fréquenter la bohème littéraire du Quartier Latin et de Montmartre. Il retrouve Laurent Tailhade qui a repris le chemin de la capitale l'année précédente et qui, pour sa part, a renoncé à terminer ses études.

Laurent Tailhade joue un rôle de mentor auprès de Fourest et facilite sa — modeste mais véritable — entrée sur la scène littéraire. En particulier, il introduit Fourest au Décadent d'Anatole Baju. En février 1889, Fourest y publie « Le doigt de Dieu », texte repris plus tard dans son recueil La Négresse blonde. Fourest y donnera encore une étrange pièce « Amertumes undécimales », jamais reproduite en recueil, ainsi qu'un « Quatorzain pour aller à Bicêtre », signé du pseudonyme, inventé par Tailhade, Mitrophane Crapoussin, mais qui est en fait le « Pseudo-sonnet plus spécialement truculent et allégorique », que l'auteur publiera ultérieurement sous ce titre et avec sa propre signature dans la revue L'Ermitage, avant de le faire figurer dans La Négresse blonde.

En 1892 s'interrompent l'amitié entre Fourest et Tailhade et les échanges épistolaires entre les deux poètes. Sans doute l'influence trop perceptible des poèmes de Tailhade — du moins ceux de la veine « aristophanesque » — sur ceux de Fourest a-t-elle fini par agacer l'auteur d'Au pays du mufle.

Après la disparition du Décadent en avril 1889, Fourest prend part, en 1890, à la naissance de L'Ermitage, revue dirigée par Henri Mazel. Il fournit régulièrement la revue en poèmes jusqu'au retrait d'Henri Mazel en 1897. Il y présente également deux contes,« La profession d'Eusèbe Frottemouillard » et « Alba », qui figureront parmi les Contes pour les satyres. Il collabore plus sporadiquement à La Plume de Léon Deschamps, au Procope, à La Province Nouvelle d'Auxerre… D'autre part, il continue de fréquenter les soirées et les cabarets littéraires. C'est, selon Willy, lors d'une soirée de La Plume qu'il est acclamé après avoir récité son « Epître falote et testamentaire pour régler l'ordre et la marche de mes funérailles ».

Il est possible que Fourest se soit rendu quelquefois au Chat Noir ; par l'entremise de Willy qui en était devenu le directeur, il a pu placer deux poèmes dans les derniers numéros du journal éponyme — en 1897, donc.

Dès 1890, Georges Fourest songe à publier au moins une plaquette de poèmes. Lors de sa première collaboration à L'Ermitage, Le geste philistin est annoncé en « préparation ». En 1898 dans La Plume, c'est une Chanson falote, titre plus laforguien que tailhadesque, qui est signalée « à paraître prochainement ». Il faut cependant attendre 1909 pour que paraisse La Négresse blonde, à compte d'auteur, chez Albert Messein.

En 1908, Georges Fourest semble vouloir adopter un mode de vie plus rangé (il a quarante-quatre ans !) et il se marie avec une pianiste. Une fille, Suzanne, naît en 1909, et un fils, Henry Pierre, en 1911. Georges Fourest n'exerce pas — ou guère — sa profession de juriste. Il se consacre à la gestion des biens familiaux, à la vie de famille et, tant soit peu, à la littérature. Sa Négresse blonde est plutôt bien accueillie. Le livre s'est rapidement vendu et a été commenté dans la presse littéraire de l'époque. Il connaît une nouvelle édition (revue et augmentée) chez Crès en 1911, ainsi que trois éditions successives en 1920 et 1922 à La Connaissance.

C'est en 1918 que Georges Fourest a rencontré René-Louis Doyon, responsable de la revue et des éditions La Connaissance. Leur première collaboration est à la limite du canular. Il s'agit d'une plaquette intitulée Douze épigrammes plaisantes imitées de P.-V. Martial, chevalier romain, par un humaniste facétieux. L'ouvrage ne porte pas de nom d'auteur ni d'indication d'édition, si ce n'est celle-ci, qui prolonge la fantaisie de l'œuvre : « Tiré/ à deux cents exemplaires numérotés/ sur les presses de Flavius Niger et Cie/ imprimeurs jurés/ 69, rue du Satyre-Farfelu, 69/ à Phalopolis-en-Lanternois/ Anno Domini MCMXX ». Outre la notation « Flavius Niger » (« nègre blond ») et le style alambiqué typiquement fourestien de la « Prémonition dédicatoire » qui précède les poèmes, des lettres sur les « Martialeries » entre le poète et René-Louis Doyon prouvent que cet étonnant petit livre est bien de Georges Fourest. En réalité, le canular serait double : en effet, une recherche en cours tend à montrer que les poèmes ne sont pas des imitations mais de véritables traductions en vers d'épigrammes de Martial.

En 1923, Georges Fourest publie les Contes pour les satyres chez Messein. Par la suite il fréquente en voisin la librairie de José Corti, située alors sur la rive droite de la Seine, rue de Clichy, dans le IXe arrondissement. José Corti publie le deuxième livre — officiel — de poèmes de Fourest, Le géranium ovipare, en 1938, dont il aurait suggéré le titre, et il réédite continûment tant La Négresse blonde que les Contes pour les satyres.

Georges Fourest est mort à Paris, 24 rue de Milan, dans le IXe arrondissement, le 25 janvier 1945. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise.

Aller sur LesGendelettres

Georges Fourest était un poète français à la verve parodique et irrévérencieuse, jouant avec truculence de mots rares ou cocasses, des dissonances de ton, de l’imprévu verbal et métrique, des effets burlesques.

Quand j’ai connu Georges Fourest, il était dans la soixantaine et déjà célèbre. Il ne ressemblait pas plus à l’idée qu’un lecteur de La Négresse blonde pouvait se faire de lui que le Gracq qu’on imaginait au moment de la publication du Château d’Argol ne ressemblait au Gracq réel. Le poète, qui époustouflait les foules et rêvait d’un enterrement délirant, était un homme tout à fait posé et – sauf quand à Deauville il portait veste blanche et casquette de yachtman – vêtu de la classique et déjà désuète jaquette et coiffé du melon dont le règne touchait aussi à sa fin. Il avait l’air bonhomme d’un chef de bureau de ministère.

Il n’en avait pas moins écrit La Négresse blonde pour son plaisir et le nôtre. Littérairement, ce livre singulier n’appartient à aucune école, sauf la fourestière, comme dit l’à-peu-près de Willy.

Il y a des gens qui deviennent célèbres à force de travail, ou de constance, ou d’acharnement, qui entassent Pélion sur Ossa jusqu’à forcer l’attention. À Fourest, la célébrité était venue, d’un coup, après une incubation et maturation des plus lentes, le jour où il avait fait paraître sa Négresse.

Il y aura bientôt soixante ans que le succès de ce petit livre se maintient avec une aimable régularité, et trente qu’elle est entrée chez moi, après des années de vagabondage, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. »




Laisser un Commentaire

Pseudo

Email


Voir tous les Commentaires

© Gabkal.Com