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Philippe DESPORTES, "Ô songe heureux et doux..."

Diane, Livre premier, Sonnet LXIV, 1574



O songe heureux et doux ! où fuis-tu si soudain,
Laissant à ton départ mon ame desolée ?
O douce vision ! las ! où es-tu volée,
Me rendant de tristesse et d'angoisse si plain ?

Helas ! somme trompeur, que tu m'es inhumain !
Que n'as-tu plus long-tans ma paupiere sillée ?
Que n'avez-vous encor, ô vous, troupe estoillée,
Empesché le soleil de commencer son train ?

O Dieux ! permettez-moy que toujours je sommeille,
Si je puis recevoir une autre nuict pareille,
Sans qu'un triste reveil me debande les yeux.

Le proverbe dit vray : " Ce qui plus nous contante
Est suivy pas à pas d'un regret ennuyeux,
Et n'y a chose aucune en ce monde constante. "




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