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Jules LAFORGUE, Complainte de la bonne défunte

Les Complaintes, 1885



Elle fuyait par l'avenue,
Je la suivais illuminé,
Ses yeux disaient : « J'ai deviné
Hélas que tu m'as reconnue ! »

Je la suivis illuminé !
Jeux désolés, bouche ingénue,
Pourquoi l'avais-je reconnue,
Elle, loyal rêve mort-né ?

Jeux trop mûrs, mais bouche ingénue ;
Œillet blanc, d'azur trop veiné ;
Oh ! oui, rien qu'un rêve mort-né,
Car, défunte elle est devenue.

Gis, œillet, d'azur trop veiné,
La vie humaine continue
Sans toi, défunte devenue.
— Oh ! je rentrerai sans dîner !

Vrai, je ne l'ai jamais connue.




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