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Louisa SIEFERT, Orgueil !

Rayons perdus, 1869



Non, non, je ne suis pas de ces femmes qui meurent
Et rendent ce dernier service à leurs bourreaux,
Pour qu’ils vivent en paix et sans soucis demeurent.

Vois-tu, ces dévouements sont niais s’ils sont très beaux.
Les hommes, je le sais, se complaisent trop vite,
Le pied sur ces cercueils, à poser en héros,

Et j’ai dégoût d’ouïr la manière hypocrite
Dont ils disent toujours de ces doux êtres morts :
« Un ange prie au ciel pour moi. Pauvre petite ! »

Tu m’as trop bien appris que l’empire est aux forts.
Mourir, c’est oublier. J’aime mieux ma misère.
Tu ne me verras pas succomber sans efforts.

Aux affres du tombeau, moi, que l’angoisse enserre,
Je ne réponds encor que par un fier refus ;
Car je veux qu’à défaut d’un repentir sincère,

Tu te dises un jour : « Quel aveugle je fus ! »


Juin 18...




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