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Louisa SIEFERT, Vendémiaire

L'Année républicaine, 1869



Ce soir, à l'heure grave où le soleil décline,
Les échos ont vibré de colline en colline.
La fauvette en son vol égrenait ses fredons ;
La source, en ruisselant sur les petites mousses,
Trouvait des sons plus frais et des notes plus douces ;
L'orchestre des roseaux jouait des rigodons,
Qu'avec les flocons blancs des lointaines fumées
Le vent rieur jetait par lambeaux aux ramées ;
Et dans les verts chemins fleuris que traversait
Son cortège au cri rauque, à la voix avinée,
On entendait superbe, implacable, effrénée,
La vendange qui s'avançait.

Ce soir, tout avait soif aux forêts de l'Argonne :
Le défilé profond que le jour abandonne
Comme une gueule avide attendait et hurlait.
La patrie en danger haletait solitaire.
Aux fiévreuses ardeurs de l'homme et de la terre,
Ce n'était plus du vin, mais du sang qu'il fallait.
Le ciel d'apothéose a des feux de fournaise.
Place, place ! en grondant là-bas la Marseillaise
Roule, fauve torrent, ses flots de vers vengeurs :
Armés de faux, d'épieux, de haches, de faucilles,
Manœuvres, artisans, gueux, héros en guenilles,
Voilà les rouges vendangeurs !




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