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Marceline DESBORDES-VALMORE, Romances
Poésies, 1842


Le portrait


Riant portrait, tourment de mon désir,
Muet amour, si loin de ton modèle !
  Ombre imparfaite du plaisir,
  Tu seras pourtant plus fidèle.
De ta gaîté je me plains aujourd'hui ;
Mais si jamais il cesse de m'entendre,
  À toi je me plaindrai de lui,
  Et tu me paraîtras plus tendre.
Si tu n'as pas, pour aller à mon cœur,
Son oeil brûlant et son parler de flamme,
  Par un accent doux et trompeur
  Tu n'égareras pas mon âme.
Sans trouble, à toi je livre mon secret.
S'il était là, je fuirais vite, vite.
  Je suis seule... ah ! riant portrait,
  Que n'es-tu celui que j'évite !


***


Le réveil


Sur ce lit de roseaux puis-je dormir encore ?
Je sens l'air embaumé courir autour de toi ;
Ta bouche est une fleur dont le parfum dévore :
Approche, ô mon trésor, et ne brûle que moi.
            Éveille, éveille-toi !
Mais ce souffle d'amour, ce baiser que j'envie,
Sur tes lèvres encor je n'ose le ravir ;
Accordé par ton cœur, il doublera ma vie.
Ton sommeil se prolonge, et tu me fais mourir :
            Je n'ose le ravir.
Viens, sous les bananiers nous trouverons l'ombrage.
Les oiseaux vont chanter en voyant notre amour.
Le soleil est jaloux, il est sous un nuage,
Et c'est dans tes yeux seuls que je cherche le jour :
            Viens éclairer l'amour.
Non, non, tu ne dors plus, tu partages ma flamme ;
Tes baisers sont le miel que nous donnent les fleurs.
Ton cœur a soupiré, viens-tu chercher mon âme ?
Elle erre sur ma bouche et veut sécher tes pleurs.
            Cache-moi sous des fleurs.


***


Le souvenir


Ô délire d'une heure auprès de lui passée,
            Reste dans ma pensée !
Par toi tout le bonheur que m'offre l'avenir
            Est dans mon souvenir.
Je ne m'expose plus à le voir, à l'entendre,
            Je n'ose plus l'attendre,
Et si je puis encor supporter l'avenir,
            C'est par le souvenir.
Le temps ne viendra pas pour guérir ma souffrance,
            Je n'ai plus d'espérance ;
Mais je ne voudrais pas, pour tout mon avenir,
            Perdre le souvenir !


***


La fleur renvoyée


Adieu, douce pensée,
Image du plaisir !
Mon âme est trop blessée,
Tu ne peux la guérir.
L'espérance légère
  De mon bonheur
Fut douce et passagère,
  Comme ta fleur.
Rien ne me fait envie,
Je ne veux plus te voir.
Je n'aime plus la vie,
Qu'ai-je besoin d'espoir ?
En ce moment d'alarme
  Pourquoi t'offrir ?
Il ne faut qu'une larme
  Pour te flétrir.
Par toi, ce que j'adore
Avait surpris mon cœur ;
Par toi, veut-il encore
Égarer ma candeur ?
Son ivresse est passée ;
  Mais, en retour,
Qu'est-ce qu'une pensée
  Pour tant d'amour ?


***


Le premier amour


Vous souvient-il de cette jeune amie,
Au regard tendre, au maintien sage et doux ?
À peine, hélas ! au printemps de sa vie,
Son cœur sentit qu'il était fait pour vous.
Point de serment, point de vaine promesse :
Si jeune encore, on ne les connaît pas ;
Son âme pure aimait avec ivresse
Et se livrait sans honte et sans combats.
Elle a perdu son idole chérie :
Bonheur si doux a duré moins qu'un jour !
Elle n'est plus au printemps de sa vie,
Elle est encore à son premier amour.


***


Le rendez-vous


Il m'attend ! Je ne sais quelle mélancolie
Au trouble de l'amour se mêle en cet instant ;
Mon cœur s'est arrêté sous ma main affaiblie ;
L'heure sonne au hameau ; je l'écoute... et pourtant
        Il m'attend !
Il m'attend ! D'où vient donc que dans ma chevelure
Je ne puis enlacer les fleurs qu'il aime tant ?
J'ai commencé deux fois sans finir ma parure,
Je n'ai pas regardé le miroir... et pourtant
        Il m'attend !
Il m'attend ! Le bonheur recèle-t-il des larmes ?
Que faut-il inventer pour le rendre content ?
Mes bouquets, mes aveux, ont-ils perdu leurs charmes ?
Il est triste, il soupire, il se tait... et pourtant
        Il m'attend !
Il m'attend ! Au retour serai-je plus heureuse ?
Quelle crainte s'élève en mon sein palpitant ?
Ah ! dût-il me trouver moins tendre que peureuse,
Ah ! dussé-je en pleurer, viens, ma mère... et pourtant
        Il m'attend !


***


Le soir


    Seule avec toi dans ce bocage sombre ?
    Qu'y ferions-nous ? À peine on peut s'y voir.
    Nous sommes bien ! Peux-tu désirer l'ombre ?
Pour se perdre des yeux c'est bien assez du soir !
    Auprès de toi j'adore la lumière,
Et quand tes doux regards ne brillent plus sur moi,
    Dès que la nuit a voilé ta chaumière,
    Je me retrouve, en fermant ma paupière,
        Seule avec toi.
    Sûr d'être aimé, quel vœu te trouble encore ?
    Si près du mien, que désire ton cœur ?
    Sans me parler ta tristesse m'implore :
Ce qu'on voit dans tes yeux n'est donc pas le bonheur ?
    Quel vague objet tourmente ton envie ?
N'as-tu pas mon serment dans ton sein renfermé ?
    Qui te rendra ta douce paix ravie ?
    Dis ! Quel bonheur peut manquer à ta vie,
        Sûr d'être aimé ?
    Ne parle pas ! Je ne veux pas entendre :
    Je crains tes yeux, ton silence, ta voix.
    N'augmente pas une frayeur si tendre ;
Hélas ! Je ne sais plus m'enfuir comme autrefois,
    Je sens mon âme à la tienne attachée,
J'entends battre ton cœur qui m'appelle tout bas :
    Heureuse, triste, et sur ton sein penchée,
    Ah ! Si tu veux m'y retenir cachée,
        Ne parle pas !


***


Le pardon


Je me meurs, je succombe au destin qui m'accable.
De ce dernier moment veux-tu charmer l'horreur ?
Viens encore une fois presser ta main coupable
        Sur mon cœur.
Quand il aura cessé de brûler et d'attendre,
Tu ne sentiras pas de remords superflus ;
Mais tu diras : "Ce cœur, qui pour moi fut si tendre,
        N'aime plus."
Vois l'amour qui s'enfuit de mon âme blessée,
Contemple ton ouvrage et ne sens nul effroi :
La mort est dans mon sein, pourtant je suis glacée
        Moins que toi.
Prends ce cœur, prends ton bien ! L'amante qui t'adore
N'eut jamais à t'offrir, hélas ! un autre don ;
Mais en le déchirant, tu peux y lire encore
        Ton pardon.


***


Un moment


Un moment suffira pour payer une année ;
Le regret plus longtemps ne peut nourrir mon sort.
Quoi ! L'amour n'a-t-il pas une heure fortunée
Pour celle dont, peut-être, il avance la mort ?
Une heure, une heure, amour ! Une heure sans alarmes,
Avec lui, loin du monde ! Après ce long tourment,
Laisse encor se mêler nos regards et nos larmes ;
Et si c'est trop d'une heure... un moment ! Un moment !
Vois-tu ces fleurs, amour ? C'est lui qui les envoie,
Brûlantes de son souffle, humides de ses pleurs ;
Sèche-les sur mon sein par un rayon de joie,
Et que je vive assez pour lui rendre ses fleurs !
Une heure, une heure, amour ! Une heure sans alarmes,
Avec lui, loin du monde ! Après ce long tourment,
Laisse encor se mêler nos regards et nos larmes ;
Et si c'est trop d'une heure... un moment ! Un moment !
Rends-moi le son chéri de cette voix fidèle :
Il m'aime, il souffre, il meurt, et tu peux le guérir !
Que je sente sa main, que je dise : "C'est elle !"
Qu'il me dise : "Je meurs !" Alors, fais-moi mourir.
Une heure, une heure, amour ! Une heure sans alarmes,
Avec lui, loin du monde ! Après ce long tourment,
Laisse encor se mêler nos regards et nos larmes ;
Et si c'est trop d'une heure... un moment ! Un moment !


***


La reconnaissance


Hélas ! Que je dois à vos soins !
Vous m'apprenez qu'il est perfide,
Qu'il trompa mon amour timide :
C'est vous qui le jurez du moins...
Hélas ! Que je dois à vos soins !
Pressez votre main sur mon cœur
Et jouissez de votre ouvrage.
Le malheur me rend le courage ;
Mais pour juger de sa rigueur,
Pressez votre main sur mon cœur !
Adieu donc ma félicité !
Adieu sa présence et ma vie !
Oh ! Que vous m'avez bien servie
En me disant la vérité !
Adieu donc ma félicité !
Vous avez voulu me guérir,
Cruelle ! ... Ah ! Pardon ! Je m'égare.
Non, non, vous n'êtes point barbare ;
Je le crois, dussé-je mourir...
Vous avez voulu me guérir !


***


S'il l'avait su


S'il avait su quelle âme il a blessée,
Larmes du cœur, s'il avait pu vous voir,
Ah ! Si ce cœur, trop plein de sa pensée,
De l'exprimer eût gardé le pouvoir,
Changer ainsi n'eût pas été possible ;
Fier de nourrir l'espoir qu'il a déçu,
À tant d'amour il eût été sensible,
        S'il l'avait su.
S'il avait su tout ce qu'on peut attendre
D'une âme simple, ardente et sans détour,
Il eût voulu la mienne pour l'entendre ;
Comme il l'inspire, il eût connu l'amour.
Mes yeux baissés recélaient cette flamme ;
Dans leur pudeur n'a-t-il rien aperçu ?
Un tel secret valait toute son âme,
Si j'avais su, moi-même, à quel empire
On s'abandonne en regardant ses yeux,
Sans le chercher comme l'air qu'on respire,
J'aurais porté mes jours sous d'autres cieux.
Il est trop tard pour renouer ma vie,
Ma vie était un doux espoir déçu.
Diras-tu pas, toi qui me l'as ravie :
        "Si j'avais su !"


***


Ne sais plus, veux plus


Je ne sais plus d'où naissait ma colère ;
Il a parlé... Ses torts sont disparus.
Ses yeux priaient, sa bouche voulait plaire :
Où fuyais-tu, ma timide colère ?
        Je ne sais plus.
Je ne veux plus regarder ce que j'aime.
Dès qu'il sourit, tous mes pleurs sont perdus.
En vain, par force ou par douceur suprême,
L'amour et lui veulent encor que j'aime ;
        Je ne veux plus.
Je ne sais plus le fuir en son absence ;
Tous mes serments alors sont superflus.
Sans me trahir, j'ai bravé sa présence ;
Mais sans mourir supporter son absence,
        Je ne sais plus !


***


Son retour


Hélas ! Je devrais le haïr !
Il m'a rendu le mal de l'âme,
Ce mal plein de pleurs et de flamme,
Si triste, si lent à guérir !
Hélas ! Je devrais le haïr.
Il m'a rapporté ce tourment
Qu'avait assoupi son absence :
Dans le charme de sa présence,
Dans mon nom, qu'il dit tristement,
Il m'a rapporté ce tourment.
Dans le baiser pur du retour
Lorsque son âme m'a cherchée,
La mienne en vain s'était cachée :
La mienne a reconnu l'amour
Sous le baiser pur du retour.
Il dit qu'il ne s'en ira plus :
Quelle frayeur dans cette joie !
Vous voulez que je le revoie,
Mon Dieu ! Nous sommes donc perdus :
Il dit qu'il ne s'en ira plus !


***


La piqûre


De ses fuseaux légèrement blessée,
D'où vient qu'Isaure a regardé vers toi ?
J'allais courir à ses cris empressée,
J'allais courir... Mais tu cours mieux que moi.
Pourquoi tes yeux, pleins d'une pitié tendre,
Sont-ils restés si longtemps sur les siens ?
D'où vient qu'Isaure a paru les entendre ?
Qu'ils me font mal sur d'autres que les miens !
Que je fus triste en la voyant sourire !
Que je tremblai quand tu soutins ses pas !
Tu la plaignais... Que n'ai-je osé te dire :
"C'est moi qui souffre, et tu ne le vois pas !"
Tu pris sa main, tu cherchas sa blessure,
Pour la guérir, tu la couvris de fleurs ;
C'étaient mes fleurs ! Elle est mieux, j'en suis sûre.
Pourquoi faut-il qu'il m'en coûte des pleurs ?


***


L'espoir


Je voudrais aimer autrement,
Hélas ! Je voudrais être heureuse !
Pour moi l'amour est un tourment,
La tendresse m'est douloureuse.
Ah ! Que je voudrais être heureuse !
Que je voudrais être autrement !
Vous dites que je changerai :
Comme vous je le crois possible,
Mon cœur ne sera plus sensible ;
Je l'espère, car je mourrai.
Oui ! Si la mort peut l'impossible,
Vous dites vrai, je changerai !


***


Le dernier rendez-vous


Mon seul amour ! Embrasse-moi.
Si la mort me veut avant toi,
Je bénis Dieu ; tu m'as aimée !
Ce doux hymen eut peu d'instants.
Tu vois ! Les fleurs n'ont qu'un printemps,
Et la rose meurt embaumée.
Mais quand, sous tes pieds renfermée,
Tu viendras me parler tout bas,
Crains-tu que je n'entende pas ?
Je t'entendrai, mon seul amour !
Triste dans mon dernier séjour,
Si le courage t'abandonne ;
Et la nuit, sans te commander,
J'irai doucement te gronder,
Puis te dire : "Dieu nous pardonne !"
Et, d'une voix que le ciel donne,
Je te peindrai les cieux tout bas :
Crains-tu de ne m'entendre pas ?
J'irai seule, en quittant tes yeux,
T'attendre à la porte des cieux,
Et prier pour ta délivrance.
Oh ! dussé-je y rester longtemps,
Je veux y couler mes instants
À t'adoucir quelque souffrance ;
Puis, un jour, avec l'espérance,
Je viendrai délier tes pas :
Crains-tu que je ne vienne pas ?
Je viendrai, car tu dois mourir
Sans être las de me chérir ;
Et comme deux ramiers fidèles
Séparés par de sombres jours,
Pour monter où l'on vit toujours
Nous entrelacerons nos ailes !
Là, les heures sont éternelles :
Quand Dieu nous l'a promis tout bas,
Crois-tu que je n'écoutais pas ?


***


Jamais adieu


Ne t'en va pas, reste au rivage ;
L'amour le veut, crois-en l'amour.
La mort sépare tout un jour :
Tu fais comme elle ; ah ! quel courage !
Vivre et mourir au même lieu,
Dire : "Au revoir !", jamais : "Adieu !"
Quitter l'amour pour l'opulence !
Que faire seul avec de l'or ?
Si tu reviens, vivrai-je encor ?
Entendras-tu dans mon silence ?
Vivre et mourir au même lieu,
Dire : "Au revoir ! ", jamais : "Adieu !"
Leur diras-tu : "Je suis fidèle !"
Ils répondront : "Cris superflus,
Elle repose, et n'entend plus.
Le ciel du moins eut pitié d'elle !"
Vivre et mourir au même lieu,
Dire : "Au revoir ! ", jamais : "Adieu ! "


***


Ne fuis pas encore


Tu crois, s'il fait sombre,
Qu'on ne te voit pas,
Non plus qu'une autre ombre,
Glissant sur tes pas ?
Mais l'air est sonore,
Et ton pied bondit...
Ne fuis pas encore :
Je n'ai pas tout dit !
À qui ce gant rose
Qui n'est pas le mien ?
Quel parfum t'arrose,
Qui n'est plus le tien ?
Tu ris, mais prends garde,
Ta lèvre pâlit...
Moi je te regarde :
Sur ton cœur cachées
Des fleurs vont mourir ;
Les as-tu cherchées
Pour me les offrir ?
Vois ! La lune éclaire
L'enclos interdit...
Paix à ta colère !
Sous la noble allée
Qui s'ouvre pour toi,
La pauvre voilée,
Ingrat ! c'était moi.
Sans cris, sans prière,
Sans voix qui maudit,
Je fuis la première.
Adieu ! J'ai tout dit !


***


Toi !


Du frais matin la brillante lumière,
L'ardent midi, l'adieu touchant du jour,
La nuit qui vient plus douce à ma paupière
Pâle et sans bruit rêver avec l'amour,
Le temps jaloux qui trompe et qui dévore,
L'oiseau captif qui languit près de moi,
Tout ce qui passe, et qu'à peine je voi,
Me trouve seul... seul ! Mais vivant encore
                De toi !
Des arts aimés quand l'essaim m'environne,
L'ennui secret les corrompt et m'atteint.
En vain pour moi la fête se couronne :
La fête pleure et le rire s'éteint.
L'unique asile où tu me sois restée,
Le sanctuaire où partout je te voi,
Ah ! c'est mon âme en secret visitée
                Par toi !
La gloire un jour a distrait mon jeune âge ;
En te cherchant j'ai perdu son chemin.
Comme à l'aimant je vais à ton image ;
L'ombre est si belle où m'attire ta main !
Ainsi qu'aux flots les barques se balancent,
Mes ans légers ont glissé loin de moi ;
Mais à présent dans tout ce que je voi,
Mes yeux, mon cœur, mes voeux, mes pas s'élancent
                Vers toi !
Je dis ton nom dans ma gaîté rendue,
Je dis ton nom quand je rapprends les pleurs ;
Dans le désert la colombe perdue
Ne sait qu'un chant pour bercer ses douleurs.
Egide chère à ma vie embrasée,
Le monde en vain jette ses maux sur moi ;
Mon âme un jour sera calme ou brisée
                Par toi !


***


Où vas-tu ?


Cesse de m'apprendre
D'où vient la douleur ;
Pour le mieux comprendre
Change-t-on son cœur ?
J'ai le mal suprême
Sans bien l'exprimer ;
Tu sais pourquoi j'aime ;
Moi, je sais aimer !
Tu saisis, tu charmes
Dans l'art de parler ;
Mais moi j'ai les larmes
Que tu fais couler.
Lorsque ta parole
Enchante ce lieu,
La mienne s'envole
Soupirer vers Dieu.
Laisse passer l'âme
Qui monte toujours ;
Laisse à toute flamme,
Comme à l'eau, son cours.
Quand me vint l'envie
Du ciel avec toi,
J'allais à la vie...
Où vas-tu sans moi ?


***


La fidèle


Si j'étais la plus belle
Comme la plus fidèle,
Je le serais pour toi !
Si j'étais souveraine,
Le roi de cette reine,
Tu le serais par moi !
S'il te prenait l'envie
De demander ma vie
Pour te faire un beau jour,
Cette vie ignorée,
À l'amour consacrée,
Tu l'aurais, mon amour !
Et si tu disais : "Donne
Beauté, vie et couronne,
Pour orner celle-là,
Cette seule que j'aime..."
À cet autre toi-même,
Je dirais : "Les voilà."
Car s'il est doux de vivre
Pour s'attendre ou se suivre
Dans le même désir,
Pour une âme enflammée,
Vainement consumée,
Il est mieux de mourir.