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SULLY-PRUDHOMME, Femmes
Stances et Poèmes, 1865-1866







La Femme

Le premier homme est né, mais il est solitaire
Il se sent l’âme triste en contemplant la terre :
« Pourquoi tant de trésors épars de tous côtés,
Si je ne peux, dit-il, étreindre ces beautés ?
Ni les arbres mouvants, ni les vapeurs qui courent,
Je ne puis rien saisir des objets qui m’entourent ;
Ils sont autres que moi, je ne les puis aimer,
Et j’en aimerais un que je ne sais nommer. »
Il demande un regard à l’aurore sereine,
Aux lèvres de la rose il demande une haleine,
Une caresse aux vents, et de plus tendres sons
Aux murmures légers qui montent des buissons ;
Des grappes de lilas qu’un vol d’oiseau secoue
Il sent avec plaisir la fleur toucher sa joue,
Et, tourmenté d’un mal qu’il ne peut apaiser,
Il cherche vaguement le bienfait du baiser.
Mais un jour, à ses yeux, la nature féconde
De toutes les beautés qu’il admirait au monde
Fit un bouquet vivant, de jeunesse embaumé.
« Ô femme, viens à moi, s’écria-t-il charmé.
Femme, Dieu n’eût rien fait s’il n’eût fait que la rose ;
La rose prend un souffle et ta bouche est éclose ;
Dieu de tous les rayons dispersés dans les cieux
Concentre les plus doux pour animer tes yeux.
Avec l’or de la plaine et le lustre de l’onde
Il fait ta chevelure étincelante et blonde.
Il forme de ton front la paix et la splendeur
Avec un lis nouveau qu’il a nommé candeur,
Et du frémissement des feuilles remuées,
Du caprice des flots et du vol des nuées,
De tout ce que la grâce a d’heureux mouvement
Il forme ta caresse et ton sourire aimant ;
Il choisit dans les fleurs les couleurs les plus belles
Pour en orner ton corps mobile et frais comme elles,
Et la terre n’a rien, ni l’onde, ni l’azur,
Qu’on ne possède en toi plus brillant et plus pur. »


La Puberté

Lorsque la terre entra dans sa vingtième année,
Le premier des printemps couronna son repos,
L’air céleste s’emplit d’odeurs de matinée,
Et la mer, s’étalant, laissa crouler ses flots.

Ce jour-là, dans ta grâce, Ève, tu nous es née.
Depuis lors, comme un peuple innombrable d’échos,
Les couples, répétant ton baiser d’hyménée,
Célèbrent le désir dans la pudeur éclos.

Le cœur ne choisit pas la première qu’il aime,
Et n’importe son nom, sa foi, sa vertu même,
Son baiser c’est le tien qui renaît éternel !

Nous te rêvons présente, éblouis que nous sommes,
Et la virginité de tous les jeunes hommes,
C’est toi qui dans tes bras la remportes au ciel !


Inconstance

Ô reine de mes bien-aimées,
Apprends que je les ai nommées
Des reines aussi tour à tour ;
Chacune est belle et ne ressemble
À nulle autre, et toutes ensemble
Tu les as fait pâlir un jour.

J’aime toujours plus chaque amante ;
Mais plus profondément charmante
Chacune me fait plus souffrir,
Et toi, la dernière venue,
Je t’aime moins que l’inconnue
Qui demain me fera mourir.


L’Abîme

L’heure où tu possèdes le mieux
Mon être tout entier, c’est l’heure
Où, faible et ravi, je demeure
Sous la puissance de tes yeux.

Je me mets à genoux, j’appuie
Sur ton cœur mon front agité,
Et ton regard comme une pluie
Me verse la sérénité.

Car je devine sa présence,
Je le sens sur moi promené
Comme une subtile influence,
Et j’en suis comme environné…

Te dirai-je quel est mon rêve ?
Je ne sais, l’univers a fui…
Quand tu m’appelles, je me lève
Égaré, muet, ébloui…

Et bien longtemps, l’âme chagrine,
Je regrette, ennemi du jour,
La douce nuit de ta poitrine
Où je m’abîmais dans l’amour.


Si j’étais Dieu

    Si j’étais Dieu, la mort serait sans proie,
Les hommes seraient, j’abolirais l’adieu,
Et nous ne verserions que des larmes de joie,
            Si j’étais Dieu.

    Si j’étais Dieu, de beaux fruits sans écorces
Mûriraient, le travail ne serait plus qu’un jeu,
Car nous n’agirions plus que pour sentir nos forces,
            Si j’étais Dieu.

    Si j’étais Dieu, pour toi, celle que j’aime,
Je déploierais un ciel toujours frais, toujours bleu,
Mais je te laisserais, ô mon ange, la même,
            Si j’étais Dieu.


Devant un portrait

Des fluides moments nul ne voit le passage,
Et le printemps des jours s’éteint comme il est né ;
C’est insensiblement, sur le fleuve de l’âge,
Qu’à la froide vieillesse un homme est entraîné.

Mais je me saurai vieux quand cette chère image
Ne me retiendra plus à sa grâce enchaîné
Et ne recevra plus ce douloureux hommage
D’un sentiment stérile à survivre obstiné :

Ah ! ce jour-là mon âme aura perdu son aile,
Mon cœur son sang, mes nerfs leur vie et leur ressort ;
Je ne serai plus moi, n’existant plus pour elle.

À quelque homme nouveau j’aurai vendu mon sort,
Ma figure et mon nom, la cendre et l’étincelle,
Et je serai bien vieux, si je ne suis pas mort !


Les voici

Son heureux fiancé l’attend ; moi je me cache.
Elle vient ; je l’épie, en murmurant tout bas
Ce reproche, le seul que son oubli m’arrache :
        ― Vous ne m’aimiez donc pas ?

Les voici tous les deux : ils vont l’un près de l’autre,
Ils se froissent les doigts en cueillant des lilas.
― Vous oubliez le jour où ma main prit la vôtre ;
        Vous ne m’aimiez donc pas ?

Heureuse elle rougit, et le jeune homme tremble,
Et la douceur du rêve a ralenti leur pas.
― Vous oubliez le jour où nous errions ensemble ;
        Vous ne m’aimiez donc pas ?

Il s’est penché sur elle en murmurant : « Je t’aime !
Sur mon bras laisse aller, laisse peser ton bras. »
― Vous oubliez le jour où j’ai parlé de même ;
        Vous ne m’aimiez donc pas ?

Oh ! comme elle a levé cet œil bleu que j’adore !
Elle m’a vu dans l’ombre et me sourit, hélas !
― Que vous ai-je donc fait pour me sourire encore
        Quand vous ne m’aimez pas ?


Jalousie

Je ne me plaindrai point. La pâle Jalousie
Retient sa voix tremblante et pleure un sang muet.
Qu’ils vivent de longs jours, heureux sans poésie,
Et qu’un amour tranquille habite leur chevet !

Qu’il la possède bien, sans l’avoir désirée,
Par le droit seul, exempt du péril de l’aveu,
Sans cette passion folle et désespérée
Qui tente sur le vide une étreinte de feu !

Mais qu’insensiblement le réseau gris des rides
Fatigue le sourire et blesse les baisers ;
Que les cheveux blanchis, les prunelles arides
N’offrent plus que l’hiver à des sens apaisés ;

J’attends, moi, sa vieillesse, et j’en épierai l’heure ;
Et ce sera mon tour ; alors je lui dirai :
« Je vous chéris toujours, et toujours je vous pleure :
Reprenez un dépôt que je gardais sacré.

« Je viens vous rapporter votre jeunesse blonde :
Tout l’or de vos cheveux est resté dans mon cœur,
Et voici vos quinze ans dans la trace profonde
De mon premier amour patient, et vainqueur ! »


Si je pouvais

Si je pouvais aller lui dire :
« Elle est à vous et ne m’inspire
Plus rien, même plus d’amitié ;
Je n’en ai plus pour cette ingrate ;
Mais elle est pâle, délicate :
Ayez soin d’elle par pitié.

« Écoutez-moi sans jalousie,
Car l’aile de sa fantaisie
N’a fait, hélas ! que m’effleurer ;
Je sais comment sa main repousse,
Mais pour ceux qu’elle aime elle est douce :
Ne la faites jamais pleurer. »

Si je pouvais aller lui dire :
« Elle est triste et lente à sourire ;
Donnez-lui des fleurs chaque jour,
Des bluets plutôt que des roses :
C’est l’offrande des moindres choses
Qui recèle le plus d’amour. »

Je pourrais vivre avec l’idée
Qu’elle est chérie et possédée
Non par moi, mais selon mon cœur…
Méchante enfant qui m’abandonnes,
Vois le chagrin que tu me donnes :
Je ne peux rien pour ton bonheur !


Sonnet

Le vers ne nous vient pas à toute heure et partout,
Et vous ne savez pas combien l’épreuve est rude
De mener sans malheur un sonnet jusqu’au bout
Sur un feuillet d’album impitoyable et prude.

Le plus chétif poète aime à chanter debout,
Seul, et sans contenir sa jeune inquiétude
Ni dépouiller jamais la divine habitude
D’apostropher son monde et de tutoyer tout.

Laissez donc librement voler sa fantaisie,
Car, s’il veut ici-bas goûter la poésie,
Il doit, l’infortuné, la dérober aux cieux ;

Mais vous, que cherchez-vous qui ne soit en vous-même ?
Quand on vous offrirait le plus exquis poème,
On vous rendrait les vers qu’on a lus dans vos yeux.


Sonnet

À madame A. G. de B.

J’ai l’âme de l’aiglon dont l’aile vigoureuse
Frémit d’impatience aux mains du ravisseur ;
Il lui faut le soleil, la vie aventureuse,
Un vol indépendant ou le plomb du chasseur.

D’un climat sans beaux jours et d’une terre affreuse
L’exil amer pourtant ne m’est pas sans douceur ;
Car l’amitié sait joindre, habile et généreuse,
Les bontés de ma mère aux grâces de ma sœur.

Et vous voulez savoir quel bienfaisant génie,
Égayant de ses yeux l’ombre de ma prison,
Me tint lieu de grand jour, et d’air et d’horizon ?

Eh bien ! c’est vous, madame, et vous êtes bénie
De supplées si bien famille, amour, printemps,
Patrie et liberté dans les cœurs de vingt ans !


Sonnet

Il a donc tressailli, votre adoré fardeau !
Un petit ange en vous a soulevé son aile ;
Vous vous êtes parlé : le berceau blanc l’appelle,
Et son image rit dans les fleurs du rideau.

Cet enfant sera doux, intelligent et beau,
Si chaque âme s’allume à l’âme maternelle,
Le cœur au feu du cœur et l’œil à la prunelle,
Comme un flambeau s’allume au toucher d’un flambeau.

Ainsi chacun de nous porte son cher poème,
Chacun veut mettre au monde un double de soi-même,
Y déposer son nom, sa force et son amour.

Le plus heureux poème est celui de la mère :
La mère sent Dieu même achever l’œuvre entière,
N’attend qu’un an sa gloire et n’en souffre qu’un jour !


Seul

À Charles Lassis

Le bonheur suit sa pente et rit
Sans témoins, comme un ruisseau coule :
Celui qu’une amante chérit
N’en parle jamais à la foule.

Ô bruit connu d’un léger pas,
Clair baiser d’une bouche rose,
Soupir qui ne se note pas,
Accent qui n’est ni vers ni prose !

Quel chant, quel trouble aérien
Est assez frais pour vous redire ?
Ah ! l’amour est un si grand bien
Que ses heureux n’ont pas de lyre !

Mais celui qui n’est pas aimé,
Qui ne peut embrasser personne,
Étreint un luth inanimé
Qui prenant sa vie en frissonne ;

Dans la gloire il cherche l’oubli
De sa solitude profonde,
Et d’un cœur qui n’est pas rempli
Tend la coupe infinie au monde.


Les Vénus

Je revenais du Louvre hier.
J’avais parcouru les portiques
Où le chœur des Vénus antiques
Se range gracieux et fier.

À ces marbres, divins fossiles,
Délices de l’œil étonné,
Je trouvais bon qu’il fût donné
Des palais de rois pour asiles.

Comme j’allais extasié,
Vint à passer une pauvresse ;
Son regard troubla mon ivresse
Et m’emplit l’âme de pitié :

― Ah ! m’écriai-je, qu’elle est pâle
Et triste, et que ses traits sont beaux !
Sa jupe étroite est en lambeaux ;
Elle croise avec soin son châle ;

Elle est nu-tête ; ses cheveux,
Mal noués, épars derrière elle,
Forment leur onde naturelle :
Le miroir n’a pas souci d’eux.

Des piqûres de son aiguille
Elle a le bout du doigt tout noir,
Et ses yeux au travail du soir
Se sont affaiblis… Pauvre fille !

Hélas ! tu n’as ni feu ni lieu ;
Pleure et mendie au coin des rues :
Les palais sont pour nos statues,
Et tu sors de la main de Dieu !

Ta beauté n’aura point de temple.
On te marchandera ton corps ;
La forme sans âme, aux yeux morts,
Seule est digne qu’on la contemple.

Dispute aux avares ton pain
Et la laine dont tu te couvres :
Les femmes de pierre ont des Louvres,
Les vivantes meurent de faim !


Sonnet

Les villages sont pleins de ces petites filles
Roses avec des yeux rafraîchissants à voir,
Qui jasent en courant sous le toit du lavoir ;
Leur enfance joyeuse enrichit leurs guenilles ;

Mais elles vont bientôt se courber et s’asseoir,
Serves du champ pénible et des vives aiguilles ;
Les vierges ne sont pas, dans les pauvres familles,
Des colombes qu’un grain nourrit de l’aube au soir

Ô mort, puisqu’une fois tu leur permis de naître,
Laisse-les vivre en paix leurs quinze ans pour connaître
Des premières amours le ravissant effroi ;

Puis tout à coup prends-les, prends-les toutes ensemble,
Ô Mort ! Paris les compte, il les guette, et je tremble
Que mon propre baiser ne les perde avant toi.


Inconscience

Cette femme a souri quand j’ai passé près d’elle.
Sait-elle qui je suis ? Et si j’étais sans foi,
Sans honneur, sans amour, sans la moindre étincelle
De cœur ni d’âme ! Elle eût encor souri pour moi…

Funeste et ravissante, à l’inconnu qui passe
Sa bouche offre un baiser de poison et de miel,
Et ses yeux bleus, mêlés d’impudeur et de grâce,
Provoquent à la honte avec l’azur du ciel.

Ne vous vantez jamais, ô femmes, d’être belles,
Car ce n’est pas à vous que l’homme en fait honneur ;
Le jour pur et lointain qui luit dans vos prunelles
Ne prend pas sa lumière au feu de votre cœur ;

Vous ignorez le beau dont vous portez la trace ;
Ce que disent vos yeux vous ne le savez pas :
Leur langage n’est point cette irritante audace
Qu’un vaniteux miroir leur enseigne tout bas.

Vous songiez au plaisir, à quelque absurde fête,
Au moment où vos corps nous ont manifesté
Dans les pas, et la taille, et le port de la tête,
Cette divine essence et cette majesté.

N’ayez jamais d’orgueil de la douleur des hommes,
Quand vous les avez vus pleurer à vos genoux ;
Dieu, l’idéal rêvé, voit la peine où nous sommes :
Il sait bien que c’est lui qui nous tourmente en vous.


Rencontre

Je ne te raille point, jeune prostituée !
Tu vas l’œil provocant, le pied galant et prompt,
À travers le sarcasme et l’ignoble huée :
Ton immuable rire est plus fort que l’affront.

Et moi, je porte au bal le masque de mon front ;
J’y vais, l’âme d’amour à vingt ans dénuée,
Mendier des regards dans la blanche nuée
Des vierges dont jamais les cœurs ne choisiront.

Également parés et dédaignés de même,
Tu cherches ton dîner, moi j’ai besoin qu’on m’aime.
Qui voudra de ton corps ? l’amant heureux te fuit ;

Qui voudra de mon cœur ? l’ange aimé se retire…
Sommes-nous donc voués au glacial délire
Du Désespoir pâmé sur la Faim dans la nuit ?


Hermaphrodite

Il avait l’âme aride et vaine de sa mère,
L’œil froid du dieu voleur qui marche à reculons ;
Il promenait sa grâce, insouciante, altière,
Et les nymphes disaient : « Quel marbre nous aimons ! »

Un jour que cet enfant d’Hermès et d’Aphrodite
Méprisait Salmacis, nymphe du mont Ida,
La vierge, l’embrassant d’une étreinte subite,
Pénétra son beau corps si bien qu’elle y resta !

De surprise et d’horreur ses divines compagnes,
Qui dans cet être unique en reconnaissaient deux,
Comme un sphinx égaré dans leurs chastes montagnes,
Fuyaient ce double faune au visage douteux.

La volupté souffrait dans sa prunelle étrange,
Il faisait des serments d’une hésitante voix ;
L’amour et le dédain par un hideux mélange
Dans son vague sourire étaient peints à la fois.

Son inutile sein n’offrait ni lait ni flamme ;
En s’y posant, l’oreille, hélas ! eût découvert
Un cœur d’homme où chantait un pauvre cœur de femme,
Comme un oiseau perdu dans un temple désert.

Ô symbole effrayant de ces unions louches
Où l’un des deux amants, sans joie et sans désir,
Fuit le regard de l’autre ; où l’une des deux bouches
En goûtant les baisers sent l’autre les subir !


Plus tard

Depuis que la beauté, laissant tomber ses charmes,
N’a plus offert qu’un marbre à mon désir vainqueur ;
Depuis que j’ai senti mes plus brûlantes larmes
        Rejaillir froides à mon cœur ;

À présent que j’ai vu la volupté malsaine
Fléchir tant de beaux fronts qui n’ont pu se lever,
Et que j’ai vu parfois luire un enfer obscène
        Dans des yeux qui m’ont fait rêver,

La grâce me désole ; et si, pendant une heure,
Le mensonge puissant des caresses m’endort,
Je m’éveille en sursaut, je m’en arrache et pleure :
        ― Plus tard, me dis-je, après la mort !

Après les jours changeants, sur la terre éternelle,
Quand je serai certain que rien n’y peut finir,
Quand le Temps, hors d’haleine, aura brisé son aile
        Sur les confins de l’avenir !

Après les jours fuyants, voués à la souffrance,
Et quand aura grandi comme un soleil meilleur
Le point d’azur qui tremble au fond de l’espérance,
        Aube du ciel intérieur ;

Quand tout aura son lieu, lorsque enfin toute chose,
Après le flux si long des accidents mauvais,
Pure, belle et complète, ayant tari sa cause,
        Vivra jeune et stable à jamais :

Alors, je t’aimerai sans retour sur la vie,
Sans rider le présent des regrets du passé,
Épouse que mon âme aura tant poursuivie,
        Et tu me tiendras embrassé !